Je regarde les hommes jouer La Mourra
Note d'intention - Documentaire de 50 mn de Michel CHAMPOURET
Lors d’une promenade dans le village d’Ilonse dans le haut pays niçois j’entends des cris tels de véritables chants cadencés qui immédiatement m’interpellent. Oui, je l’avais bien reconnu ce fameux jeu du fond des montagnes resté confidentiel : la Mourra, en parlé nissart.
J’ai voulu en savoir plus. Les gens de la montagne m’ont alors accordé leur sympathie, leur générosité. Par la suite ils ont ébloui mon film par leurs témoignages. Avec théâtralité ils y ont apporté un mélange incomparable de fraicheur, d’humilité, de spontanéité.
Sans doute touché à mon tour par la passion du jeu je sentais alors grandir en moi le besoin de m’investir en apportant mon soutien, certes avec modestie mais surtout avec passion aux actions des joueurs que je venais de rencontrer en témoignant dans un documentaire du rayonnement de leur association.
Alors commencent les recherches : je trouve, j’étudie, je trie, j’élimine les fausses histoires établies sur l’histoire du jeu, je trouve la bibliothèque qui contient le livre qui décrit l’emplacement du tombeau égyptien qui lui-même contient la plus ancienne représentation du jeu ! Puis je filme, je questionne. En France, en Corse, en Sardaigne, en Italie, mon tournage est passionnant comme les personnes que je rencontre.
Mais il me fallait une dimension internationale pour mon film. L’Argentine comblera mes souhaits ! Des gens accueillants et simples, simples comme leurs origines modestes.
Regardez les taper du poing sur la table jusqu’à les faire saigner !
Humez leur passion, laissez leurs cris vous transpercer.
Pour mon documentaire la passion qui se dégage demandait un rythme rapide et soigné, je voulais des témoignages forts et efficaces en gros plan sur fond noir, une légère lumière venant de l’arrière-plan faisant ressortir les propos emplis de tendresse, d’émotion, et de violence. Je glissais ma caméra dans les foules laissant les silhouettes l’entrecouper, je capturais les visages emplis d’émotion. Je laissais les enfants lancer leurs doigts vers leur adversaire, la théâtralité, l’école du monde !
Mon montage prenait corps tout simplement avec le tournage. Tout se complétait bien.
Mes dialogues sont simples, volontairement peu nombreux car comme le dit un des protagonistes « il n’y a besoin que des mains ! »
Oui c’est un voyage au plus profond des traditions auquel je vous invite.